Pour anticiper sur les retards de paiement et réduire le risque client, il faut combiner des connaissances macroéconomiques des marchés, une information financière et juridique précise sur chaque société et prévoir les scénarios possibles. Dans leur mission, les acteurs de la filière de l’information économique, du recouvrement et de l’acquisition de créances et de l’enquête civile n’ont à leur disposition qu’un seul carburant : la donnée ! Mais ils capitalisent sur des années d’expérience dans son analyse, y compris prédictive, au bénéfice de leur clientèle d’entreprise.

Pour réduire leur risque client, les entreprises hexagonales sont nombreuses à se tourner vers les entreprises représentées par la FIGEC – qui rassemble les acteurs spécialistes de l’information économique, de la gestion des créances et de l’enquête civile. Il faut dire que les enjeux sont de taille puisque le volume du crédit inter-entreprises atteint en France 672 milliards d’euros d’encours annuels, soit le tiers du PIB du pays (Cf notre article).

« Pour accomplir leur mission, nos adhérents n’utilisent qu’un seul carburant : c’est la donnée » explique Charles Battista, président de la FIGEC. Et ils savent, d’expérience, où aller la chercher. En particulier, pour ce qui concerne l’information juridique et économique sur les entreprises, ils la récupèrent auprès des organismes agréés chargés de leur collecte, comme les greffes des tribunaux de commerce (avec leur GIE Infogreffe) ou l’INPI (Cf. notre article). La collecte demande d’ailleurs des compétences techniques avérées car les formats sous lesquels sont fournies les données sont variés.

Des formats de données à rendre homogènes entre eux

Mais surtout ces informations, certes récentes et certifiées, ne suffisent pas pour une analyse complète de la situation du débiteur. Il faut également leur associer des données macroéconomiques. Emanant de sources publiques ou privées, elles peuvent porter sur la conjoncture dans le pays, la santé d’un secteur d’activité, des caractéristiques régionales, etc. « Même avec des indicateurs financiers et dans des secteurs d’activité équivalents, le risque client ne va pas être identique entre deux régions françaises, y compris entre deux départements voisins » illustre par exemple le président de la FIGEC.

Ce qui fait la différence et la pertinence de l’analyse, c’est alors la capacité à replacer les données dans des contextes globaux, et notamment historiques : le parcours des dirigeants, ceux de leurs différentes sociétés, et bien sûr les évolutions récentes du secteur économique ont leur importance.

Produire des analyses reposant sur des sources de données multiples

Au sein de la FIGEC, ce sont les sociétés spécialisées en information d’entreprise, de solvabilité et de prévention de défaillance qui se retrouvent en première ligne sur ce terrain. Leur activité comporte deux facettes. D’abord, la collecte et l’analyse de ces données issues de multiples sources, ensuite leur délivrance aux différents acteurs économiques (entreprises, banques, assurances, administrations, collectivités, etc) de solutions d’information à valeur ajoutée pour prendre des décisions de crédit éclairées. Ce faisant, elles contribuent notamment à sécuriser le crédit inter-entreprises, en premier lieu au travers des délais de paiement consentis aux clients.

La donnée, matière première des enquêtes en solvabilité ou en recherche de débiteurs

Les autres sociétés représentées au sein de la FIGEC, à savoir les spécialistes de la gestion et du recouvrement de créances, ainsi que les professionnels – réglementés – de l’enquête civile, sont également de grands consommateurs de données. Elles les aident à retrouver des débiteurs disparus, à démontrer la solvabilité d’une entreprise ou d’un particulier, à identifier le ou les bénéficiaires d’un contrat d’assurance-vie menacé de tomber en déshérence.

« L’ensemble des acteurs ont développé, avec l’expérience, des savoir-faire de haut niveau, que ce soit en matière d’identification des sources de données, d’organisation de leur collecte et bien sûr de leur analyse » continue Charles Battista. Cela leur a notamment permis de mettre en place des indicateurs macro-économiques qui font aujourd’hui référence et qui permettent par exemple de mesurer l’évolution des délais de paiement dans le pays, ou les encours du crédit inter-entreprises. Sans compter, bien entendu, des scorings moins diffusés mais tout aussi pertinents, réservés à leurs clients, qui évaluent à tout instant le risque pris en contractant avec tel ou tel client.

Comme on le constate dans cette description des différents métiers de cette filière, il est nécessaire que ses acteurs puissent disposer de sources de données fiables, récentes et proposées à des prix de marché cohérents. Il en va de la réussite de leur mission et donc de la sécurité économique des très nombreuses sociétés françaises qui leur font confiance pour maîtriser leurs prises de risque. (Cf notre article).

Ce sera d’autant plus vrai avec la nouvelle génération d’analystes de données – data scientist – et leurs logiciels spécialisés, capables d’exploiter des quantités de données toujours plus importantes (big data). Ce pari du passage à une dimension prédictive de l’analyse et de la prévention du risque client sera tenu par les acteurs de la FIGEC, si le carburant de la donnée ne vient ni à manquer, ni à perdre en qualité. Ce qui serait un comble, convenons-en, dans une société toujours plus dépendante de l’information !