L’Etat a choisi de rendre publiques les sanctions prononcées à l’égard de plusieurs entreprises coupables d’avoir fait subir des délais de paiement trop longs à leurs fournisseurs, au regard de la loi. Dernièrement, des acteurs de la téléphonie, de l’énergie, de la distribution et de la logistique notamment, ont écopé d’amendes dépassant le million et frôlant même les quatre millions d’euros.

Cette pratique du « name & shame » nous vient des pays anglo-saxons. Elle y est largement répandue, y compris à l’encontre des personnes et, pour ce qui concerne les entreprises, sur des sujets divers touchant non seulement aux pratiques commerciales mais aussi aux thématiques de la responsabilité sociale et environnementale.

En France, le « name & shame » est d’adoption plus récent. C’est en tant que Ministre de l’Economie et des Finances qu’Emmanuel Macron en avait défendu le principe dès 2015. Et c’est en tant que Président de la République qu’il en a confirmé la mise en place en février 2018, évoquant à cette occasion les vertus de la stigmatisation : « Personne n’a envie de porter un bonnet d’âne » avait-il alors déclaré. Message reçu par la DGCCRF qui a accéléré le rythme depuis : plus d’une centaine d’amendes (et de publications associées) ont été prononcées depuis le premier janvier de cette année.

Cette médiatisation a cependant un effet pervers. Elle amplifie les cas litigieux et ne met en  valeur ni les « bons payeurs », ni les progrès réalisés par la grande majorité des entreprises depuis la promulgation de la loi de la modernisation de l’économie (LME). Bref, on ne parle dans les médias que des trains qui arrivent en retard !

Les avancées sont pourtant bien réelles. La FIGEC est là pour en attester : les mesures ont montré, pour certains secteurs, un raccourcissement des délais de paiement moyens, la baisse du nombre de litiges entre partenaires commerciaux. Les progrès de la dématérialisation des circuits de facturation, qu’il faut aujourd’hui encourager et amplifier, vont permettre une diminution des erreurs dans les traitements et de nouveaux gains sur la qualité et les délais des paiements.

Notre Fédération échange d’ailleurs avec les dirigeants et avec les directions opérationnelles des entreprises (DAF, Crédit Manager, Trésorier, Direction des achats…). Cette écoute nous permet de comprendre leurs besoins, de les accompagner pour améliorer leurs processus, mais aussi de proposer une information adaptée aux besoins des petites sociétés qui n’ont pas toujours les moyens de recruter un expert du sujet.

Cette année a d’ailleurs vu la « renaissance » des Assises des délais de paiement, organisées à Paris et à Lyon, en partenariat avec l’AFDCC. Une occasion de plus pour partager les meilleures pratiques avec l’immense majorité des entreprises qui souhaitent se mettre en conformité avec la loi et mettre en place une organisation efficace. En choisissant de mettre celles-ci en lumière, la FIGEC affirme clairement un choix complémentaire au « name & shame »… celui du « name & fame » !